c'est ici que le gros de la vie de la pension se fait. ici que tout le monde se réunit à chaque repas, ici que les gens ne parvenant pas à trouver le sommeil dans leur minuscule chambre viennent se retrouver, ici même qu'une étagère pleine de vieux livres abandonnés se dresse. la pièce ne paie pas de mine - une grande et longue table en vieux bois, quelques fauteuils confortables dispersés, une cheminée allumée continuellement en hiver - pourtant, il s'en dégage une profonde impression de convivialité et de chaleur. la salle est rarement vide, rarement complètement silencieuse : il y a toujours un peu de vie entre ces murs.

la terrasse offre une vue imprenable sur l'océan. le meilleur moment pour en profiter reste l'heure à la laquelle le soleil embrase l'étendue d'eau sans fin. c'est un instant magique, n'est-ce pas ? et c'est bien l'endroit le plus agréable pour en profiter, parole d'habituée. bien que la nuit il y fasse réellement froid, que les planches de bois sont vieilles et vermoulues et que le vent salé vous fouette le visage quand vous y restez longtemps, c'est un endroit agréable. vraiment. ce n'est pas encore la plage, ce n'est plus vraiment la pension. un entre deux qui a ses avantages.

c'est vrai que toutes les chambres se ressemblent un peu : un lit dont le sommier grince, une fenêtre qui se ferme difficilement, de lourds rideaux colorés, une petite salle d'eau. le minimum vital est là. ce n'est pas le grand luxe, loin de là, mais c'est bien mieux que rien. il ne faut pas être trop exigeant pour venir s'échouer à la pension almayer, de toute façon. les murs sont assez fins, ne soyez pas trop bruyants la nuit si vous ne souhaitez pas voir vos secrets ébruités. le ménage y est fait un jour sur deux, de façon mécanique et maniaque : d'accord ça ne paie pas de mine, mais au moins, ce n'est pas poussiéreux.