« I keep kicking at the curb with my worn out shoes and I keep running into stranger's that say I know you. And I don't wanna be a proud man just wanna be a man, a little less like my father and more like my dad. I wanna hunt like David, I wanna kill me a giant man, I wanna slay my demons, but I got lots of them, I got lots of them. »

etheral/mary/jake cooper/(© NOAH GUNDERSEN)

 

SPIRALE

Spirales, virages vicieux. Nausées. Comme un 5,3g. Une saloperie de défaut dans la constante gravitationnelle. Tu t'es levé trop vite, t'as la tête qui tourne. Spirale, étoiles dans tes iris, et l'impression que la pesanteur s'amuse avec ton crâne. Tu bailles, plus pour déboucher tes oreilles qu'autre chose. Tu n'es plus vraiment fatigué, trop de nuits à fixer le plafond en sentant tes cernes se creuser pour réellement souffrir l'épuisement. Tu as peur de la nuit de toute façon, peur du noir quand t'es seul, tu ne l'avoueras jamais ceci dit. Tu n'as pas peur d'un monstre sous ton lit, que les choses soient claires... Tu crains juste l'immondice putride coincée entre les draps, sous ton épiderme, ce cloaque chaotique qui te sert de conscience. Putain de marécage hasardeux derrière tes yeux. Hemingway a écrit : ' it is awfully easy to be hard-boiled about everything in the daytime, but at night it is another thing ' et même si Hemingway était une petite pute, tu ne comprends cette phrase que trop bien. Alors tu hais la nuit mais à côté tu fuis le jour, tu le congédies la plupart du temps, tu boudes la lumière... pas aujourd'hui, cependant. Tu ne veux plus, surement parce que la nuit a gagné la bataille, devenant pire et qu'à choisir entre peste et choléra, autant s'emparer de la compagne qui t'éblouit plutôt que celle qui cherche à t'étouffer. Pour citer une fois de plus l'autre abruti : the sun also rises.

Spirale, comme la fumée de ta cigarette qui s'élève en dansant. Spirale, comme l'écume s'enroulant sur la houle. Spirale, comme le vent s'emmêlant à des cheveux bouclés par les éléments. Spirale, comme celles imprimées dans ta paume, d'avoir serré ton vieux carnet plein d'inepties un peu trop fort. Spirale, comme l'infernale qui t'entraîne et te files mal au cœur mais que tu n'arrêtes pas, parce qu'elle a l'avantage sournois de te prouver que tu es encore là.

 

INCONNUE

La silhouette qui se détache devant la fenêtre, entre les rideaux vaporeux qu'un courant d'air dérange sporadiquement te semble partiellement avalée par l'énorme pull en laine qu'elle porte. Ce n'est pas la première fois que tu vois sa tête blonde, pas la première fois que ton regard se pose sur elle et que tu te retrouves incapable de t'en détacher. Il y a quelque chose de tendre, dans la façon dont elle se tient, dans la manière dont le vêtement surement emprunté tombe sur elle, engloutissant ses formes menues et couvrant le haut de ses jambes. T'as presque l'impression qu'elle ne porte rien d'autre et alors que ça t'effleure, tu as la sensation de lui voler un moment simple mais privé, comme un matin tranquille, encore silencieux, encore engourdi par les nimbes du sommeil.

' Fair yet cold, like a pale morning of spring, still clinging to winter's chill ' - Tu réalises, tu tournes la tête, tu passes une main dans tes cheveux et tu te sauves, parce que t'as pas à être là. L'image te hante, pourtant, alors que tu marches, que tu avances inexorablement vers un refuge qui te tiendra loin de l'inconnue. Tu ne sais rien d'elle, en dehors du fait qu'elle ressemble à ces nymphes à propos desquels on écrit des chansons... T'as presque envie d'essayer, tu sens que ça te démange les doigts, que poser tes phalanges sur les cordes seraient un peu comme la rencontrer, sauf que tu refuses d'y céder. T'es pas creepy, t'es pas James Blunt, t'écris pas une chanson pour une fille que tu viens de croiser et que tu reconnais parce que t'es déjà resté accroché à sa silhouette par mégarde. Elle pourrait entendre. Tu regardes par-dessus ton épaule, plissant les yeux pour lutter contre le soleil qui cherche à percer tes iris...

Tu te dis que la prochaine fois que tu la croises, tu iras lui parler... Sauf que tu te connais, la prochaine fois tu vas juste être odieux, parce que t'as tendance à faire ça pour pouvoir fuir, c'est ta porte de sortie. T'es foutu, comme d'habitude.

Dum apud Persas, ut supra narravimus, perfidia regis motus agitat insperatos, et in eois tractibus bella rediviva consurgunt, anno sexto decimo et eo diutius post Nepotiani exitium, saeviens per urbem aeternam urebat cuncta Bellona, ex primordiis minimis ad clades excita luctuosas, quas obliterasset utinam iuge silentium! ne forte paria quandoque temptentur, plus exemplis generalibus nocitura quam delictis.