Ils regardent le soleil sans rien y comprendre Ils regardent le ciel, ils n'ont plus qu'à attendre Le vide est devant eux, comme un monstre béant Le vie est devant eux, personne ne l'entend Le ciel onctueux écrème les derniers nuages gris Ils se disent que c'est bon, que c'est enfin la nuit C'est dans le noir total qu'ils se sentent invincibles Ils redoutent le jour, ils n'aiment pas le visible Quand la nuit tombe enfin, il faut qu'ils se préparent Ils vont jusqu'à leur chambre, ils porteront du noir Enfin ils sont dehors, et personne ne les croit. C'est qu'ils sont tous en deuil d'on ne sait vraiment quoi.

SUBMVRINE/LEANNA/MIMI/(©SACHA SPERLING, MES ILLUSIONS DONNENT SUR LA COUR)

GRIS CIEL

tes yeux paillettes qui s'ancraient dans ma peau comme un bleu-orage,
tu disais.
moi je disais que ce n'était ni l'orage, ni les nuages,
c'était pas un bleu-douleur ni naufrage,
c'était un bleu gris comme mon ciel. (et comme le tien, aussi)
un gris trop beau, même pas monochrome, le gris de l'océan que m'offre tes yeux, tu sais.

la couleur de mon âme, sans toi.
la couleur de mon coeur, aujourd'hui.
puis la couleur de mes veines, tout le temps.

l'achromatopsie de nos souvenirs trop cons, trop bêtes, trop niais,
(trop toi)
trop beaux.

J'ECRIS TON NOM

j'écris ton nom, parce que y'a plus qu'ça qu'on puisse faire, n'est-ce-pas ?
se tuer, à s'aimer, à en crever, laisser nos voix trop fortes et fragiles crier plus fort que les vagues, et puis notre coeur tambouriner plus fort que l'orage, là-bas.
j'ai écrit mon nom sur tes paupières, tes oreilles, tes mains, tes lèvres, pour que jamais tu m'oublies,

pour toutes les fois où tes yeux se sont posés sur toute autre que moi,
pour toutes les fois où tu as entendu son rire de pétasse raisonner en toi,
pour toutes les fois où tes mains nuages ont fait tourner sa jupe à pois,
pour toutes les fois où ses baisers dégueulasses se sont imprimés sur ta peau,

j'écris ton nom, connard.

(j'ai envie de courir le long d'une plage, me péter les poumons, m'en foutre, parce que y'a cette putain d'endorphine qui me monte à la tête, qui inonde mes sentiments pétales de rose pourries, et puis parce que t'es là)

mais t'es plus là.

j'ai écrit ton nom partout, tout l'temps, sur les murs, j'ai gueulé ton nom aux étoiles pour t'oublier. (t'aimer plus encore, ici, au bord de ce ciel écumeux qui pique mes yeux) j'ai écrit amour sur les gosses de quatre ans, j'ai écrit toujours sur les mouchoirs en papier usés, j'ai écrit ta main sur la mienne, j'ai écrit tes lèvres entre les cuisses des garçons, j'ai écrit ton soupir sous la jupe trop courte de la prof de maths.

je t'ai écrit partout, tout le temps.

mais t'es pas là.
tu reviendras pas.

Citation :

il a les yeux clairs,
il a les cheveux ternes,
un sourire de pirate,
des mains de pêcheur, abîmées par le sel.
sur son bateau minuscule, il te propose l'autre bout du monde, dans ses bras.
il sent le rhum, tu sais, ce n'est même pas certain qu'il puisse tenir debout, sur la terre ferme. heureusement sur l'eau, les vagues dansent avec lui.