| | someone in the wind (roxanne). | |
| Auteur | Message |
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Invité
| Sujet: someone in the wind (roxanne). Jeu 3 Jan - 21:21 | |
| Il a reçu un message ce matin. Alicia, envoyé deux jours plus tôt. Ce type avait raison, a-t-il pensé aussitôt, c’est le Moyen-âge ce coin. Recevoir un message relève du miracle. Sur le petit écran de son vieux Nokia, des lettres majuscules sont apparues, agressives, étrangement vides de sens pour lui. T’ES PASSÉ OÙ BORDEL ? Il les a fixées quelques secondes – peut-être quelques minutes – avant d’éteindre l’appareil et de le jeter nonchalamment sur le lit. Impossible de répondre de toute manière. Et puis... Alicia n’a pas besoin de lui. Alicia n’est rien. C’est triste. C’est la réalité. Alicia s’est imposée à lui, il n’a jamais voulu d’elle. Elle ne sait rien. Elle ne saura jamais. Elle s’en remettra. Il le faudra car il ne reviendra pas vers elle. Il ne se fait aucun souci pour elle. Dehors, à l’air frais du matin, il essaie de ne pas y penser. Il essaie de ne plus penser. Il marche. Le soleil n’est pas très haut dans le ciel et les alentours sont déserts. Il est seul. Il n’y a personne, là, autour, personne pour lui, personne. Il marche. Ses chaussures s’enfoncent dans le sable alors il les enlève. Il laisse la plage se glisser entre ses orteils et continue sa route. Il ne sait pas vraiment où il va. Cela fait bien longtemps qu’il ne sait plus où il va. Il avance simplement. Il ne s’arrête pas. Il ne peut pas se permettre de s’arrêter. S’il s’arrête, il réfléchit, il analyse, il sombre. Il refuse de sombrer. Il est trop tôt pour sombrer. Il marche. Il gravit. Soudain, il a une destination : le sommet de la falaise. Il n’a aucune raison de s’y rendre alors il y va. Il gravit. Les muscles de ses jambes gémissent. Après tant d'inactivité, l'exercice surprend son corps tout entier. Il se rend compte qu'il en avait besoin, de cette marche, de cette falaise. Il se rend compte qu'il a rouillé dans la ville, à force de errer entre son appartement et ses petits boulots. Il n'est plus l'ombre de ce qu'il était. Cette pensée lui donne des nausées mais il n'a pas le temps de la disséquer. Il est presque arrivé. Un pas, deux pas, trois, quatre. Et lorsqu’il arrive en haut, enfin, la vue fait taire le bourdonnement incessant de ses pensées. Ses pieds s'alignent l'un à côté de l'autre et il ne bouge plus. Devant lui, l’océan. Vaste. Sans limite. Et le soleil qui se lève, qui s’élève petit à petit. Pas de nuage. Pas d’orage. Juste lui, sur la falaise, face à l’infini. Il ferme les yeux et il inspire le vent marin. Sur ses lèvres, le sel. Sur son âme, la tranquillité, le calme. Une pause dans le bagne qu’est devenue son existence. Il se détend. Il se laisse aller. Les muscles de son dos se décrispent les uns après les autres et les plis sur son front disparaissent. Il est bien, là, face à la mer. Il est bien, seul. La rumeur des vagues qui vont et qui s’en vont, qui s’écrasent contre les roches, en bas, une vingtaine de mètres plus bas, le repose. Il ne pense pas au vide qui les sépare, l’eau et lui. Il ne pense pas à ce qu’il a failli faire, quelques mois plus tôt, perché en haut de cet immeuble. Il ne pense ni à l’importance de la vie, ni à sa futilité. En haut de cette falaise, le prétendu philosophe qui s’empare de lui quelque fois se tait. Il n’a rien à dire face à tout cela. Il n’y a pas de mot, pas d’excuse face à la mer. Non. Cela n’a pas sa place, ici, à Almayer. Pas encore, au moins. Pas maintenant. Il garde les yeux fermés. Tout va bien, tout va bien, tout va bien. Il oublie Alicia. Il oublie sa famille. Il oublie. L'espace d'un instant. Il respire. Laissez-moi respirer.
Dernière édition par Maël Clayton le Lun 21 Jan - 21:44, édité 1 fois |
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Invité
| Sujet: Re: someone in the wind (roxanne). Lun 21 Jan - 14:47 | |
| d'où tes actes se guident, au loin dans la brume. La douceur du satin pare ton enveloppe corporel alors que tu quittes doucement le monde du sommeil. L'obscur occupe la quasi totalité de ta vue, de simples traits de lumière traversant les côtés de la fenêtre pour définir les reliefs de la pièce. Le froid s'empare à présent de ton épiderme, la chair de poule s'installant sur ta peau alors que tu ressens l'absence de ton bien-aimé. La solitude au réveil, ton pire cauchemar qui se répète bien trop à ton goût dans une amer habitude. Tu prends alors la seule arme dont tu disposes pour combattre cette montée de liquide lacrymal qui montre ta faiblesse d'esprit et tes douleurs enfermées ; la mer. Laissant doucement glisser les draps sur tes jambes nues, tu te contentes seulement d'enfiler un jean des plus banals en gardant ton débardeur de nuit. Il n'aimerait pas te voir habiller de cette manière -mais il te laisse seule, alors tu n'en fais qu'à ta tête- lui, en revanche, t'adorerait dans cette tenue -mais il n'est pas là alors ça ne sert à rien. En quelque sorte, tu n'es pas grand chose non plus, mis à part une pièce de puzzle dans la vie de différentes personnes. Toutes les pièces servent, mais cela fait quoi, si l'on en perd une seule ? C'est en fermant la porte de ton parfait logis, en apparence, que tu te plais à t'engouffrer dans la fraicheur matinale aux bords des côtes. Les rafales font virevolter tes cheveux aux vents, tes yeux décryptent les mouvements incessants des vagues, tes pieds nus frôlent tour à tour la caresse des grains de sables glissant, la douceur brut des rochers ou la chatouille ingénue des brins d'herbes qui sont sur ton chemin. Malgré le nombre de fois où tu as emprunté ce sentir, tu restes à chaque fois surprise par les sensations qui changent. C'est ça, la beauté de la mer ; un incessant mouvement qui transforme un lieu au fil des secondes dans un décor qui nous reste familier. La découverte constante d'un endroit coutumier. Pourtant, c'est un détail bien particulier qui attire ton regard au sol, une chose jamais vu en ce lieu. Une trace de pas. Une dizaine de traces de pas menant jusqu'à la falaise où tu vas usuellement. Tu hésites à faire demi-tour, tu viens chercher ici la solitude, la communion avec l'eau salée, pas la compagnie d'un inconnu. Puis l'instant d'après, tes yeux scrutent l'écore pour apercevoir une silhouette au foulard rouge qui volette légèrement autour de son cou. Tu te souviens parfaitement avoir vu cet accessoire la veille au soir, sur cet homme qui t'a intrigué. Alors, ce n'est plus ta raison qui te guide, ni les besoins de ton cœur, mais ton instinct qui te pousse à marcher jusqu'à lui. A quelques mètres dans son dos, ta voix rauque de n'avoir encore parlé en ce jour s'élève délicatement. “ tu es la mer ou les rochers ? ” Un. Deux. Trois. Quatre pas. Et tu es à ses côtés sans lui avoir jeté un coup d’œil, tout aussi proche du bord, doucement en danger. Le précipice s'élève sous tes pieds et tu réitères ta question dans le vacarme de la houle qui bat sans ménagement la pierre. “ la mer, bouillonnante, agitée, sans cesse en mouvement, qui attaque. qui faiblit lorsque la tempête est passée. les rochers, forts, calmes, qui résistent quoiqu'il arrive. qui s'effritent au fil du temps. ” tu oublies le vent, au milieu de cette équation, mais personne n'est le vent. personne ne peut se prétendre aussi libre, quelque lui fusse l'envie d'y croire.
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