Invité
| Sujet: Re: boîte aux lettres d'Ulysse Beaumont Mar 27 Nov - 22:30 | |
| anciennes lettres qui ont déjà eu leurs réponses. - Spoiler:
1. je ne te connais pas et tu me poses toutes ces questions. après tout pourquoi te répondrai-je ? je m'appelle siam, mes bouteilles vaguent au dessus des flots. mais qui es-tu, toi l'inconnu, toi l'observateur ? es-tu né au village ou viens-tu de la résidence ?
2.Ulysse, Ulysse comme le vagabond des mers, éloigné de sa patrie Ithaque. dis moi, Ulysse, dis moi, as-tu déjà songé à quitté Almayer ? moi je ne peux, je ne peux m'imaginer loin de ma mer. je m'appelle siam, je suis native d'ici et de là, fille adoptive de la mer, fille du village, vouée à y naître, y vivre et y rester à jamais.
3. je te crois, je te crois Ulysse. qu'a-t-on volé, dis moi ? la mer t'a-t-elle pris des choses et ne les a-t-elle rendu ? la mer m'a pris mon père, elle l'a emmené là-bas. la mer prend, Ulysse, la mer prend mais elle ne rend pas. elle a pris mon cœur, elle a pris mes pensées, elle a pris mon être tout entier. je ne suis plus qu'eau, ma peau n'a plus que cette odeur des embruns maritimes. la mer prend mais elle ne rend pas. je ne pourrais jamais quitté almayer, je ne pourrais même jamais y songer, je ne peux la quitter, je ne peux m'en défaire. mais dis moi Ulysse, dis moi, toi qui semble en savoir plus que moi. dis moi, c'est comment là-bas, en as-tu déjà entendu parlé ? as-tu appris à quoi ressembler leur village, leurs coutumes ? parlent-ils la même langue ? dis moi Ulysse, dis moi, as-tu entendu parlé de mon père ?
4. il ne faut pas en vouloir à la mer, la mer connait les hommes, Ulysse. elle les voit grandir, vivre, mourir depuis leur naissance. la mer sait ce qui est bon pour nous, la mer ne nous veut pas de mal. si elle l'a laissé partir, si elle a entraîné son bateau au loin, alors tu peux être sûr, Ulysse, tu peux être sûr que c'était mieux pour toi. crois-tu au destin, Ulysse ? moi j'y crois, j'y crois de tout mon être. mon père est là-bas, quelque part, dans ce monde que je ne connais ni ne comprend. comment peut-on cacher le ciel, comment peut-on oublier la mer ? mon père était marin, le plus grand, le plus beau, le plus valeureux marin de sa génération. mon père aimait la mer plus qu'il n'aimait ma mère et celle-ci est partie, elle nous a laissé là. mon père a pris la mer une dernière fois, la mer l'a emmené au gré des courants, la mer l'a gardé, elle l'a gardé pour elle. n'écoute pas les gens du village, ces êtres pessimistes et tristes, te répéteront que je suis folle, ils te diront qu'elle l'a englouti. mais je sais, Ulysse, je suis sûre qu'il est là-bas quelque part. tous les mardis, je lui laisse une bouteille et jamais celle-ci ne me revient. et je sais que s'il n'était plus la bouteille reviendrait telle qu'elle était lorsque je l'ai déposé au creux des vagues.
5. je suis sûre, Ulysse, je suis sûre qu'un jour tu sauras à nouveau. la mer ne te rendra pas ton cœur, mais tu lui reprendras. car alors, et seulement alors tu auras fait ton deuil. tu auras accepté la perte de vos souvenirs, tu auras accepté la perte de la fille. alors seulement, tu pourras reprendre ton cœur, ta mer te le rendra. l'espoir nous entraîne, l'espoir nous guide lorsque nous sommes perdus. tu dois pas perdre espoir, Ulysse, peut-être ne la reverras-tu, mais alors c'est qu'il en était mieux ainsi. tu en rencontreras une nouvelle et tu lui donneras ton cœur, garde espoir Ulysse. mes souvenirs sont vagues, j'avais à peine cinq ans, mais voici avec cette lettre, le dessin de son bateau.
6. je ne connais rien à la vie, Ulysse, je ne tire que des conclusions. on ne m'a jamais rien appris, mon enfance a été avortée lorsqu'elle l'a emporté. on m'a donné à la veuve, on m'a dit que ce serait mieux. on a voulu se débarrasser de la gamine qui dérangeait, la gamine qui portait malheur, adieux mère, adieux père, adieux bonheur. on m'a mis chez la veuve, je ne lui ai jamais parlé. elle ne m'a jamais éduqué, elle ne m'a rien appris, je ne sais rien, je ne connais rien Ulysse. mais je crois. je crois du plus profond de mon être. ton cœur est ce bateau, ce bateau fracassé, le réparateur est cette fille, qui te réapprendra à aimer, le bateau ne pourra voguer à nouveau que s'il trouve son réparateur. peut-être qu'un jour ces côtes se verront à nouveau fêler, mais alors il y aura un nouveau réparateur il y aura toujours quelqu'un, et même si l'on ne se connaissait pas, moi, je serais là.
7. cela semble si simple, cela semble si beau dit ainsi. pourtant, j'aurais aimé, j'aurais aimé que l'on m'apprenne, que l'on me dise quoi faire, quoi dire. aujourd'hui mon seul maître est espoir, tu devrais l'écouter. l'espoir soigne les maux, l'espoir soigne les douleurs, l'espoir comble la tristesse, la nostalgie, il l'a fait oublier. l'espoir est cette vague effaçant les dernières traces de son passage dans ta vie, de ses pas sur le sable. je garde tes mots en bouteille, je garde tes maux en tête. dis moi Ulysse, dis moi, que fais tu à Almayer ? nous sommes-nous déjà croisés ? es-tu l'un de ceux chez qui je dépose des lettres. dis moi Ulysse, dis moi, as-tu déjà souris grâce à une nouvelle que je t'ai apporté, t'ai-je déjà fait souffrir en oubliant d'égarer quelques mots sur un papier. dis moi Ulysse, dis moi, nous sommes nous déjà rencontrés ?
8. un jour, je te montrerai, je te le promet. je t'apprendrai, tu verras au fond, ce n'est pas compliqué. je suis fille d'Almayer, fille de la mer, fille de l'eau, je suis celle qui distribue les lettres, facteur si tu préfères. je suis celle qui annonce les bonnes nouvelles, celle qui détruit des familles, celle qui réjouit les enfants, celle qui annonce les départs. peut être t'ai-je déjà laissé une lettre, peut-être nous sommes nous déjà parlés. si c'est le cas, j'aimerais que ça le soit à nouveau, un jour. quand nous verrons nous Ulysse ? ce jour arrivera-t-il ? j'attend chaque fois tes bouteilles avec plus d'impatience que la fois précédente. je me sens libre, Ulysse, quand je t'écris, sans contrainte, sans loi, sans règle. libre de dire ce que je pense, libre de te dire qui je suis, réellement. dis moi Ulysse, dis moi, sais-tu garder un secret ? sais-tu garder des mots pour toi ? je t'aiderai, Ulysse, je te promet que je t'aiderai à t'en sortir. je t'apprendrai l'espoir, je t'apprendrai la vie. je t'aiderai à retrouver ce que tu as perdu, je te le promet, Ulysse. je le veux toujours, je veux te connaître, je te voir, mettre un visage derrière ses mots, connaître les mains qui ont écrit, connaître les yeux qui m'ont lu, connaître les yeux qui m'ont vu laissé la bouteille aller vers mon père. mais j'ai peur, je t'avoue avoir peur, peur que tu sois déçu, peur que je ne sois pas comme tu l'imaginais. j'ai peur Ulysse, mais j'ai espoir, j'ai toujours espoir. si tu le veux, je t'attendrais en bas du phare, demain juste avant le coucher du soleil. fais attention Ulysse, viens seul, ne me trahie pas. et je te montrerais Ulysse, je te montrerais mon secret, à toi rien qu'à toi. je ne peux pas te l'écrire, on ne sait jamais qui pourrait tomber dessus, je préfère de laisser le découvrir. alors, Ulysse, je te le demande, seras-tu là demain ? m'attendras-tu en bas des marches ?- Spoiler:
Je pensais lui faire avoir un empêchement, pour que leurs échanges continuent un peu.
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Invité
| Sujet: Re: boîte aux lettres d'Ulysse Beaumont Mer 28 Nov - 15:42 | |
| ne m'en veux pas, Ulysse, ne m'en veux pas je t'en prie. je n'ai pas pu, j'ai du rester avec elle, elle m'y a obligé. ne m'en veux pas, Ulysse, je te promet, je te promet que l'on rattrapera le temps, que l'on apprendra à se connaître. je te promet que tu mettras bientôt, un visage derrière ces mots. ne m'en veux pas, Ulysse, je t'en prie. |
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