Buck tend ses oreilles en avant. Elle sent les muscles du cheval se tendre. Elle murmure une incompréhension, plus pour rassurer le cheval, que pour réellement parler. Puis, elle le voit.
La silhouette haute, la stature indéniablement hautaine, ô ciel, ciel, cette démarche. Ce n’est pas possible, non. Brutal retour à la réalité, ramenée un an plus tôt, la dernière fois qu’elle a détaillé son visage. Elle se souvient de leur dispute, violente, puis, sitôt après, de leur réconciliation, de leurs câlins fraternels, de la jalousie de sa sœur. Elle secoue la tête, des larmes dévalant ses joues. « Maël. » guère plus qu’un murmure, mais l’unique mot, possède une puissance et une intensité. L’inconnu connu, n’est qu’à quelques mètres. Edelweiss n’a pas bougé, paralysée. Il ouvre la bouche, l’étire en ce sourire si parfait qu’elle connaît si bien. Maël, dieux, Maël. Il parle, elle ne comprend pas les mots. Ce même timbre de voix, serait-il possible... ? Il tend une main, s’approche de Buck, tentant une approche tactile avec l’animal. Le cheval se dérobe brusquement, s’écartant avec la furieuse envie de fuir. Cavalière émérite, Edelweiss a l’habitude. Seulement, son attention se porte sur cet homme, cet homme dont elle est certaine qu’il s’agit de Maël. Et elle tombe.
Elle heurte le plancher. Le plancher. Elle ouvre les yeux. La chambre, louée sur la maison au bord de falaise. Elle gémit, longue plainte de quelque chimère agonisante.
Ce n’était qu’un rêve.