Invité
| Sujet: et que tombent les étoiles. (libre) Ven 4 Jan - 2:26 | |
| Il est du sel, il est d’eau, il est de sable ; ciel et terre sont Un. L’explosion est vivace, la morsure court sur la peau, dévore les chairs, putréfie les muscles. Le spasme entier est une explosion de douleur terrifiante. Le ciel et la terre entrent dans une danse fusionnelle. L’impact du sol lui arrache un cri, si vite oublié, tant la tourmente du spasme dépasse la douleur du choc. Incapable de bouger, incapable d’émettre un son, incapable de penser, réduite à rien de plus qu’un végétal dépourvu de sentiments, dans lequel seule la douleur règne en maître sur son royaume d’argent.
Et, enfin, le spasme libère son emprise. Allongée sur le sable, les lèvres contre le sable, les cheveux ébouriffés, elle reste pourtant face contre le sol. Toute force semble l’avoir quittée ; pantoise, ankylosée, les spasmes la laissent hébétée. Une douce secousse lui effleure la joue ; les naseaux de l’animal sont comme une caresse si délicate, hors du temps. Elle ouvre doucement les yeux ; le crépuscule a pris place des lieux, et le ciel s’est teinté de pourpre et de violacé. Lentement, avec la lenteur d’une poupée de chiffons, Edelweiss se relève. Aucun de ses muscles n’a été épargné ; elle sent encore, dans certains, le souvenir affreux de la Douleur. Avec des gestes mesurés, empreint d’une précaution absurde, elle se relève, s’accrochant aux crins du cheval, qui, lui, est resté stoïque la crise durant. L’air marin pénètre ses poumons, et les brûle presque ; sa gorge est sèche. Soigneusement, elle entreprend de remonter en selle. Elle s’y prendre trois fois. Trois cuisants échecs, trois fois de trop. Son dos tire sur les boursouflures, lui arrache des grimaces. Mais elle se remet en selle.
Loin sur la plage, des éclats de voix attirent son attention. Mais Edelweiss fuit les gens comme la peste ; et la lueur qu’elle distingue, là, entre eux, est son Fléau. Elle fuit les gens comme la peste ; mais le feu, le feu, lui fait perdre tous ses moyens. D’ici même, elle en frissonne. D’ici, elle sent la brûlure des flammes contre sa peau. Elle se crispe, l’étalon le sent. Il se crispe. Nul murmure n’est capable d’apaiser son âme. Elle ne trouve rien pour décrisper ses muscles ; et l’étalon tend ses oreilles, attentif.
Quelqu’un vient. |
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