il est huit heures moins le quart.
au volant de ton pick up,
tu montes la côte.
à l'arrière de ta vieille caisse un peu cabossée,
s'entrechoque tout ton matos.
au bord de tes lèvres,
une cigarette.

tu y es presque.
tu as encore quelques mètres.
parcourir ce petit bois et arriver
jusqu'à la pension.
elle surplombe l'océan,
du haut de son rocher.

ta portière claque
et la cigarette fini par terre,
sous ta semelle.

tu rejettes la fumée,
progresse jusqu'à l'entrée.
garée face à la terrasse,
tu vois un peu la masse,
à l'intérieur.

il y a du monde.
autour des tables, assis sur des marches.
accoudés à la fenêtre,
dans l'herbe.
en salle.

dans une brouette,
sable, ciment blanc et tamis.

l'odeur du sel te chatouille le nez
et c'est avec un certain sourire
que tu commences à travailler.

tu dois monter un mur de pierres blanches.
de la roche calcaire que l'on trouve,
partout ici, sur l'île.

et dans ton dos,
en plus de la chaleur du soleil,
tu sens des regards.
perdus sur la courbure de ton corps,
sur tes tatouages qui profitent
de ce rayon bien chaud,
bien que matinal.