ronds, ronds, ronds.

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Grande, noire, verte. Strates accumulées qui miroitent dans les embruns, brillante et irisée quand la mer lui lèche avidement les pieds. Elle sent sacrément fort, les poissons s’y entassent, y crèvent et naissent, s’y abritent et grouillent, collent aux coquillages, qui eux-mêmes collent aux rochers. Une beauté, cette falaise. Parfaite pour y poser ses fesses et regarder la mer. Ida et Lou jettent un œil en bas, ce vide immense et saturé de mouettes bruyantes aussi minces et floues que la mer est grande et figée. Il les aspire comme on aspirerait une grenadine un jour d’août lorsqu'on sue sous un soleil de plomb. Assises sur le rebord du monde elles se sentent comme deux petites filles parfaitement idiotes, grisées par le long, le large et l’infini. Fais des ronds, des ronds, des ronds de fumée. Nuage blanc couleur d’aspirine, c’est tout à fait joli, ça rend tout à fait bien. « hé petite princesse, j’ai un poème. » Elle sait pas ce qu’elle dit cette fille. Les mouettes se moquent un peu. Ses yeux farfouillent à la recherche d’une étincelle, dans les volutes qui étouffent les voix, le ciel bas, le granit bleu et mécanique, froid. Ah oui voilà, la voilà. « j’ai encore souvenance de ces navires. » aspirer. « fendant la frontière d’un monde emprunté. » aspirer. « bancal et vois mon œil qui chavire. » aspirer. « voguant en deçà de mon souffle enroué. » Elle part dans un long rire et serre Lou dans ses bras, comme pour un pardon. Il y a dans ses yeux une sorte d’étincelle brune, sur ses joues de trop longs cheveux noirs, mais dans la douceur de son sourire il y a tout le reste. Cette fille fait peur quelques fois, de quoi te mettre à genoux, je veux dire, la peur. Alors que tout ça. La mer, les petits navires d’un poème à la con, ça te réjouirait un mort.

Invité

ida, lou.

Ce vide inspire la peur. La chute, l'oubli. Mais aujourd'hui, c'est autre chose. C'est une barrière érigée contre les vagues, contre le vent. Un refuge pour les mouettes, un refuge pour Ida et moi. La fumée nous entoure, l'humidité, aussi. Mais je n'ai pas froid. Je frissonne et ça suffit. Hé petite princesse, j’ai un poème. Ça me fait rire, ce surnom qu'elle me donne. Puis c'est agréable, aussi. Assises sur cette falaise, on a l'impression qu'on peut refaire le monde dans nos ronds de fumée, puis écrire l'avenir dans le ciel, et le lire dans les étoiles. On est au dessus de tout, les démons, les cauchemars, les douleurs, sont restés en bas. Ils essayent de grimper la falaise, en vain. C'est trop humide, ça glisse. Et nous, on est là hauts, le vent qui se faufile entre nos corps, contre notre peau. Ses mots sont beaux, doux. Ça parle de navire, de monde. Puis moi j'imagine. Je rêve. J'imagine un navire, Maël à l'intérieur. Un navire qui s'échouerait doucement sur la rive. Ida rit à nouveau, je me laisse aller contre elle. J'ai des moments de lucidité parfois, Maël me ramène sur terre. Ou il m'emmène dans ses rêves, je ne sais pas. Profitant de la chaleur procurée par l'étreinte de la jeune brune, j'essaie de me réchauffer car cette fois ci, j'ai froid. Ida elle est douce, elle est nature, intelligente. Belle. Je l'entoure de mes bras, parce que je m'attache à cet endroit. A ces rêves. A ce monde qui semble se dessiner, au loin. Comme un monde à mi chemin entre rêve et réalité. Et je sais qu'il est dans l'un d'eux. Qu'il ne suffirait d'un pas. D'où tu penses à tout ça, ma jolie? D'où tu tires ton inspiration?

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