Tu sais, il y a quelque chose en moi. Quelque chose qui te ferait frissonner. J’imagine déjà tes yeux surpris et ton air triste. Tu me regarderas avec déception, peut-être même avec haine. Puis tu auras envie de me jeter du sable aux yeux, de pleurer, aussi. Tu essayeras de prononcer un ou deux mots, et tu te diras tant pis. Tu auras une boule dans la gorge qui t'empêchera de parler. Tu ne me regarderas pas pour ne pas que je vois tes larmes couler. Puis après, quand tu rentreras chez toi, tu hurleras que tu me détestes, qu'après tout je ne suis rien qu'une personne sans importance. Mais au fond, tu auras de la peine pour moi. Et tu reviendras me voir. Je ne te ferais aucun sourire. Je me contenterais de bercer ton corps dans mes bras. Je déposerais un baiser sur ta tempe, sur ta bouche. Et puis je te dirais quelque chose comme un je t'aime timide, comme un de toute façon, ça ne change rien, comme un je suis là, ne t'inquiètes pas. Je te remercierais en silence. Je rentrerais à la pension, en pensant très fort à toi, en désirant ta chaleur sous mes draps, pour pouvoir te caresser la joue, les cheveux, le nez, te serrer tout contre moi. Quand tu dormiras, j'irais dehors, je descendrais sur la plage. J'allumerais une cigarette, et je penserais à toi, étendu sur le lit, dans le silence de ton sommeil. Je m'en voudrais de t'avoir fait du mal en t'avouant cette tare qui sommeille en moi. Et le lendemain matin, tu me diras que c'est pas grave, que tu comprenais parfaitement. Mais je sais que tu ne comprends pas. Je sais que tu n'as pas ce sentiment d’écœurement quand tu vois deux garçons qui s'embrassent. Moi j'ai presque la nausée quand j'effleure tes lèvres, j'ai presque la nausée quand tu me dis que tu as toujours été comme ça. Je me sens comme un hors-la-loi, comme si j'étais l'auteur d'une fraude. Si tu savais tout ça, si tu pouvais lire en moi, tu ne m'aimerais plus. Tu trouverais un compagnon moins compliqué, un habitué. Tu tomberais amoureux d'un garçon mieux que moi. Et moi je retournerais d'où je viens. Je trouverais une fille, pour t'oublier. Pour dire qu'après tout, tu n'étais qu'une erreur du passé. Mais je penserais toujours à toi. Et j'aurais la nausée quand je verrais une fille et un garçon s'embrasser. Et j'aurais la nausée quand j'effleurerais les lèvres d'une Marie ou d'une Léonie.

(tiré de ma fiche, il explique le lien, le ressenti de Slim pour au choix. Je résume ; à la base, Slim est hétérosexuel. Il a été élevé avec des principes homophobes. Slim est amoureux de au choix. Il l’aime et le désire. Mais il la honte, il a tellement honte d'être homosexuel. Parce que c'est une tare, parce que c'est tabou. Parce que c'est pas autorisé. Il ose pas avouer qu'embrasser au choix ça le dégoûte, il ose pas lui dire tout ça. Au choix ne se doute pas vraiment que Slim est hétérosexuel. Mais il est devenu une évidence pour Slim, une nouvelle raison d'exister. Lui qui ne savait pas s'attacher, Au choix lui a tellement appris.)