L'embrun salé nous chatouille la peau, et j'observe son visage. De profil, il ressemble à Maël. Peut être est-ce pour cela que j'aime autant les moments avec lui. Même si ce sont des moments où on ne se dit rien. Le soleil était dans ses yeux. Loin, profond, caché par ses pupilles comme lors d'une éclipse. Comme si, progressivement, il perdait sa lumière. Il portait une douleur en lui. Qui l'avait privé de lumière, écarté de son chemin. Et comme tous ceux qui se sont égarés, il est venu ici. Sa blessure, il faudra la deviner. Il n'a jamais mis de mots dessus car on ne peut pas la nommer. On sait juste qu'elle est là, et qu'elle fait mal. Peut être était-ce la même que la mienne.
Devant la mer calme, tous les soirs, un silence apaisant nous réunit, nous rejoint. Debout, côte à côte, on rêve qu'un jour le soleil repointe le bout de son nez. J'aimerais lui offrir, arriver un soir et lui dire « j'ai retrouvé ta lumière, tiens, elle te guérira », sans lui préciser que je lui offrais un peu de la mienne. Mais j'étais aussi perdue que lui. Perdue dans l'immensité bleue à l'horizon, horizon que j'aimerais traverser à la nage pour atteindre le soleil qui joue à cache cache.
Ce soir là, c'est lui qui a pris la parole et m'a posé une question qui semblait lui brûler les lèvres depuis un petit moment.
- Où est passé ton sourire?
- Emporté par l'eau salée. Au vu de la marée qui montait dans mes yeux, je sus qu'il avait compris que c'était l'eau des larmes, et non celle des flots. Et ton sourire, à toi?
- Parti à la recherche du tien.